CRITIQUE ET RETOURS - CAPTAIN FANTASTIC

Je me penche sur cet article pour développer un peu plus mon avis sur le film Captain Fantastic que j'ai enfin visionné cet après-midi.

Petite présentation, qu'est-ce que c'est que ce film ?

Captain Fantastic est présenté comme un film dramatique américain sorti en salle en 2016, dont nous devons le scénario et la réalisation à Matt Ross.

Pour redonner l'ambiance dans laquelle j'étais avant de lancer la lecture, disons que j'ai un petit faible pour l'acteur Viggo Mortensen, et que la majorité de mes ami.e.s m'avait énormément conseillé de visionner ce long métrage. Mon bilan : Pourquoi ? Pourquoi avez-vous pensé que je serais plus touché qu'un.e autre ? Car j'ai des valeurs morales, que je m'intéresse à la philosophies et aux sciences humaines ? Merci bien.

Casting (partiel) :

Viggo Mortensen

George MacKay

Nicholas Hamilton

Charlie Shotwell

Samantha Isler

Annalise Basso

Shree Crooks

Synopsis (via Wikipédia) :

Ben vit avec sa femme et ses six enfants dans les forêts du Nord-Ouest Pacifique, totalement isolé de la société, mais en père dévoué qui se consacre à l'enseignement académique et physique de ses enfants.

Une tragédie se produit, qui force la famille à quitter leur petit paradis. Les enfants doivent faire face à l'excitation et aux périls d'un monde qui ne leur est pas familier, tandis que Ben est obligé de réexaminer sa conception de parent et se lance un nouveau défi, celui de donner à sa famille une autre éducation.

Alors déjà soyons clairs, soit nous n'avons pas vu le même film soit ce synopsis est franchement mensonger, surtout concernant la durée des événements et leur temps d'arrivée dans l'intrigue.

Pour commencer sans donner de réel spoiler, voici mon ressenti général :

Ce film était sympathique et divertissant mais j'ai trouvé l'intrigue clairement inégale, les deux milieux montrés ne sonnent pas justes et sont tous les deux extrêmes. Et tout ça pour nous amener à une conclusion mitigée à base de nuances de noir et de gris pour former un "monde meilleur". Nan, barbant sérieusement.

J'ai trouvé que tous les enfants agissaient avec un véritable naturel et aucun moment qui sonnait faux à cause de leur jeu.

[SPOILER ALERTE]

La tragédie qui se produit est la mort de la mère, quasiment jamais aperçue dans le film puisque hospitalisée lorsque celui-ci débute. Maintenant que ceci est dit, passons à la suite.

Il ne s'agit pas du portrait d'une famille légèrement orientée bobo [terme que j'emploi ici avec affection et aucunement dans une volonté de dénigrer qui que ce soit]. Non non, ici le père apprend à ses six enfants tout ce qui est nécessaire (lire, écrire, compter) avec des bonus pour le moins étonnants : il est courant pour eux de parler plusieurs langues, de pouvoir lire des ouvrages théoriques au sujet de sciences ou de sociologie qui ne sont pas faciles d'accès, et de donner son avis sur des lois et la société en générale. En plus de cela, un entraînement physique a lieu chaque jour pour que tous aient des corps d'athlètes [c'est le qualificatif utilisé dans le film]. Si la famille veut manger, elle doit cultiver elle-même ses ressources et chasser pour obtenir de la viande. Croyez-moi, si je n'avais pas déjà été végétarien je le serais devenu en voyant une bestiole se faire préparer.

En résumé, tous vivent de ce qu'ils peuvent se procurer eux-même, ou vendent des objets qu'ils ont fabriqué pour obtenir de quoi acheter de petites choses. Leurs rapports au reste du monde semblent rarissimes, en dehors d'une bibliothèque qui sert à l'enrichissement intellectuel de toute la famille.

Le problème de cette manière de vivre est progressivement soulevé à travers les 2h approximatives du film : N'est-ce pas quelque part de l'endoctrinement, et ce même si les parents pensaient bien agir ? Car les enfants qui ont tous des âges différents n'interagissent majoritairement qu'entre-eux, et n'ont pas réellement de point de vue différent de celui qui leur est enseigné à travers les lectures choisies et la philosophie de leurs géniteurs.

Premier défaut selon moi, et pas des moindres : le temps à travers ce film. Car oui, la gestion du temps est importante, c'est ce qui a fini de m'agacer dans Captain Fantastic.

La première heure passe rapidement, on s'interroge face au mode de vie singulier du père et de ses six enfants.

La seconde partie est par contre douloureusement longue [j'ai regardé l'heure une petite dizaine de fois] et désorganisée. Beaucoup de nouveaux éléments et de questionnements qui ne sont pas là pour répondre aux questions précédentes mais pour établir un semblant de morale.

Et voici qu'arrive le second problème du film, qui réside dans un scénario trop peu nuancé.

On l'a déjà dit, l'éducation reçue par cette petite tribu est hors-système, si ce n'est même anti-système. Alors forcément, quand les enfants rencontrent leurs grands-parents maternels, qui vivent une vie "basique" de gens (très) bien intégrés dans la société de consommation capitaliste qu'ils ont appris à mépriser... C'est un choc culturel. Mais celui-ci n'est quasiment pas exploité, à l'exception de minuscules scènes dans un restaurant, puis avec la soeur du père de famille, et enfin avec les grands-parents des enfants. Le grand-père qu'on nous annonce antipathique depuis le début n'est au final qu'un homme ayant de l'argent et donc du pouvoir (ou l'inverse, au choix) et qui s'inquiète que ses petits-enfants soient en danger.

Et comment ne pas le comprendre ?

Si l'idée d'apprendre à me débrouiller en pleine nature, de pouvoir lire des ouvrages sérieux et d'en discuter me plaît je ne suis pas certain pour autant d'approuver le fait de voir des gamins parfois très jeunes poussés au maximum de leurs capacités, jusqu'à frôler leurs limites. Et c'est en cela que ce film me dérange je pense. J'aurais aimé m'attacher à quelques personnages mais on ne sait quasiment rien d'eux, pas même leur âge, ce qu'ils aiment réellement et leurs rêves d'avenir.

Ce grand-père sorti de nul part n'est finalement pas si terrible pour une personne acceptant le capitalisme, n'est-ce pas ? Alors pourquoi me prendre pour un enfant et chercher à me monter contre lui depuis le premier quart d'heure ? Est-ce justement pour que je ressente ce que peuvent éprouver les protagonistes ? Peut-être. Dommage que cela m'ait plus ennuyé qu'autre chose car cela semblait extrêmement prévisible.

Et puisque l'on parle toujours du scénario et de son côté moralisateur... Non mais regardez-moi cette réplique [cf ci-dessous] ! C'est peut-être amusant - quoique - mais j'attendais un peu mieux de la part d'un père qui peut se féliciter d'avoir appris à ses enfants à parler plusieurs langues étrangères, dont l'esperanto et à être capable de donner un avis constructif sur un livre avec un enjeu moral non évident tel que Lolita, de Vladimir Nabokov.

Je conclurai cette partie en disant que pour moi, ajouter des détails que l'on ignorait dans les dernières vingt minutes ne suffit pas à tout expliquer et cela ne sert sûrement pas d'élément de résolution. Et oui je vise bien ici le petit twist scénaristique à propos de la mère, de sa maladie et du choix de vie réalisé. Je ne vais pas m'étendre dessus, il faudrait pour cela que j'explique entièrement la situation et je n'en ai sincèrement pas envie.

Bilan extrêmement nuancé mais qui penche tout de même clairement dans le négatif, et c'est bien dommage car le casting était intéressant. Je maintiens : le véritable problème de ce film reste le scénario trop cliché où la gestion des différents courants de pensée ne semble servir qu'à étaler la pseudo culture / bourrage de crâne (selon le point de vue) de cette famille au mode de vie particulier.

Malgré tout, ne terminons pas sur du négatif car cela serait enfoncer un film qui n'avait aucune intention négative je pense.

Alors pour s'enchanter un peu parlons de l'humour dans ce long métrage. Car même si je n'ai pas souris jusqu'aux oreilles, oui j'ai esquissé plusieurs sourires. Notamment grâce aux enfants, qui ont des phrases très justes dans le contexte d'adulte dans lequel ils sont plongés depuis leur naissance.

Pour finir, les musiques. Elles ne sont pas rayonnantes d'originalité mais demeurent intéressantes pour le choix symbolique qu'elles peuvent représenter. Et je noterai que j'ai particulièrement apprécié la reprise des Guns N' Roses que je vous partage ci-dessous.

En définitif, je ne déconseillerai pas ce film mais n'irai pas non plus crier partout qu'il est important à voir.

Je suis navré de ne pas plus encourager un projet comme celui-ci mais il n'a pas atteint son but avec moi [peut-être par ma faute, peut-être par la sienne] et je n'ai donc aucune envie de le faire découvrir à d'autres personnes.

Si malgré tout vous désirez le visionner et en parler à vos proches, je ne pourrais que vous conseiller de ne pas faire la promotion de cette oeuvre en insistant trop sur le côté social car à trop en attendre on fini par être déçu.

Un tout petit 4/10 pour lui.

A bientôt, toi lecteur.ice perdu.e sur mon blog... Et n'oublie pas :

" Le pouvoir au peuple. A bas le système. "